Le général

Encre, 2013

Le Général m’avait dit « Il ne reste plus grand-chose des jours passés ». Plus rien de ce que nous avions connu, de ce que nous avions réalisé. Le Général m’avait prévenu.
Evidemment, le Général… Il ne pouvait plus se déplacer, lui. Alors forcément tout était bon pour nous retenir ici, toutes les histoires, même celles à tenir debout. Il n’avait de « Général » que ce titre de gloire qu’il nous avait brandit sous le nez si souvent, souvenir d’un passé que nous avions essayé d’ignorer, de cacher, de masquer pendant tant d’années.
Il me fallait y retourner. Malgré les crimes que nous avions commis, avec l’espoir (vain) qu’on nous aurait oubliés, pardonnés… Il me fallait retourner dans cette ville que nous avions façonnée  dans  la douleur, dans le sang, suivant une utopie jamais approchée, jamais rattrapée.
Je marchais depuis plusieurs jours. Et du passé, de ses splendeurs, de ses jardins, de ses édens,… non il ne restait rien. Le Général avait raison. Je déambulais au milieu des cicatrices béantes. Qu’avions nous fait ? Je ne voulais m’y résoudre, mais au fond de moi je le savais… Nous avions été des monstres.
Je marchais presque déçu de ne pas avoir été reconnu, arrêté, rudoyé, éviscéré… Il fallait que tout cela s’arrête. J’espérais que tout ça ne serait pas trop long.

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